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Le racisme sexuel

Photo du rédacteur: Catherine GorodkoCatherine Gorodko


© KETUT SUBIYANTO/PEXELS

 

Des "préférences sexuelles" insidieuses


Pour souligner le mois de l'histoire des Noirs qui avait lieu au mois de février, j'en profite pour vous parler de racisme sexuel. Il s'agit d'un phénomène encore méconnu, mais omniprésent chez les PANDC (personnes autochtones, noires et de couleurs).


Le racisme sexuel peut prendre deux formes. La première, qui est probablement la plus connue, est l'exclusion. Il s'agit plus précisément de rejeter la possibilité d'avoir des rapports sexuels avec une personne uniquement en raison de sa couleur de peau et de préjugés ethnosexuels qui y sont associés. Par exemple, quand une personne dit : "je ne coucherais jamais avec un arabe, c'est sûr qu'il serait trop dominant au lit", c'est du racisme sexuel. Ce genre d'exclusion est particulièrement préjudiciable pour les personnes racisées, car ça peut venir affecter leur estime personnelle, ça peut leur faire vivre du racisme intériorisé et ça peut les pousser à développer une certaine rancune ou une méfiance envers les personnes blanches en réponse à la discrimination qu'elles subissent. Cela peut aussi faire en sorte que les PANDC vont développer des pratiques sexuelles moins sécuritaires, car puisqu'elles vivent davantage de rejet, elles peuvent avoir tendance à s'engager dans des relations avec n'importe qui qui présentent de l'intérêt, en dépit du fait qu'elles sont attirées ou non envers ces dites personnes.


La deuxième forme est plus surnoise. Elle se définit davantage comme une fétichisation et une hypersexualisation des personnes racisées. Elle renvoie au désir d'avoir des relations sexuelles avec un individu dans le but d'alimenter un fantasme basé sur des stéréotypes ethnosexuels. Certaines personnes sélectionnent leurs partenaires sexuels potentiels seulement en fonction de leur apparence physique et de leurs origines ethniques, peu importe les autres caractéristiques qui définissent réellement la personne, comme ses traits de personnalité, par exemple. En d'autres mots, cette sorte de racisme sexuel exclut l'individualité de la personne et ça la réduit à l'idée sociale qui est faite de son appartenance ethnoculturelle. Ça qualifie l'individu comme étant uniquement une expérience sexuelle. Par exemple, quand une personne dit : "je rêve de coucher avec un homme noir, ils ont tous des gros p*nis", c'est aussi du racisme sexuel. Cette objectification a aussi des impacts négatifs sur l'estime de soi des personnes racisées, car elles ne se sentent pas appréciées pour qui elles sont fondamentalement, car elles sont seulement jugées par leur physique. Elles doivent constamment prouver qui elles sont en dehors de ces stéréotypes. Puis, dans le même ordre d'idées qu'avec l'exclusion, les personnes racisées peuvent développer des pratiques sexuelles moins sécuritaires en voulant incarner les stéréotypes qui sont attendues d'elles. Elles vont donc s'engager dans les relations sexuelles avec quelqu'un seulement dans le but de répondre à son fantasme et son désir de vivre une "expérience sexuelle exotique".


Certaines personnes qualifient cela de "préférences sexuelles". Or, cela va au-delà de simples préférences, elles exclut l'identité de la personne en l'associant seulement à une minime partie de qui elle est. De plus, la personne peut ne pas répondre à l'idée qui est faite d'elle en fonction de son origine ethnoculturelle, ce qui est d'autant plus stigmatisant, car la personne est jugée sur des bases qui ne la représentent pas. Par exemple, ce n'est pas parce qu'une femme est asiatique qu'elle est nécessairement soumise, les hommes asiatiques n'ont pas nécessairement un petit p*nis, etc.


Il est donc important de se questionner sur nos propres biais et se demander pourquoi une personne nous intéresse réellement. Il faut regarder les personnes dans leur entièreté et ne pas seulement s'arrêter à leur couleur de peau.

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